Tuesday, October 08, 2013

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Aux racines du street art
Nick Torgoff, artiste engagé dans la reconnaissance et la diffusion du graffiti chilien dans l’Hexagone, revenait lors d’une conférence aux côtés d’Inti Castro et Cekis sur cet art urbain dont la culture chilienne est imprégnée. Un art qui découle du muralisme mexicain, né dans les années 1920, après la révolution, afin de diffuser un message politique et social à un plus grand nombre. Des fresques qui représentent souvent l’histoire mexicaine et dont Siquieiros se fait l’un des porte-parole. Son passage de quelques années au Chili laisse une empreinte forte, de nombreuses vocations vont suivre, à l’instar de Mono González, considéré comme le père du muralisme au Chili. À la différence de l’esthétique mexicaine, celle-ci répond à une urgence, dans une simplicité extrême. Les œuvres sont réalisées entre une et trois heures, “avec ce mérite d’être comprises par tous”. À une période où la coalition nationaliste permet d’élire Allende démocratiquement, les fresques restent un moyen de médiatisation fort.

Publié le 01/10/2013 à 06h00
Par muriel bonneville
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Biarritz : de l’art en bombe exposé au casino

Le festival fait la part belle au cinéma chilien, mais aussi à son art urbain, le graffiti. Ses meilleurs représentants sont là.

Cekis et Nick Torgoff, deux artistes présents à Biarritz.

Cekis et Nick Torgoff, deux artistes présents à Biarritz. (photo m.. b)

La feuille blanche ne lui fait pas peur. D’ici à la fin du festival, Cekis aura peint les trois panneaux blancs de 3 X 2 mètres à coups de bombes aérosol. Mais ne lui demandez pas trop vite à quoi cela ressemblera. « Pour être honnête, je ne sais pas trop encore, dit-il tout timide. Je suis venu à Biarritz avec une idée en tête, mais finalement, je préfère prendre le pouls du festival et puiser en lui l’inspiration. »
Demain après-midi (1), au cœur du village dressé sur la terrasse du casino, l’artiste chilien se mettra en travail. Jour après jour les festivaliers pourront constater l’avancée de cette œuvre monumentale, qui donnera l’occasion de découvrir la richesse du street-art chilien.
Un moyen de communiquer
Qu’il soit mis ainsi en avant n’est pas fortuit mais vient au contraire en complémentarité avec la programmation du festival qui, cette année, fait la part belle au cinéma chilien. Entre projections et graffitis, c’est donc tout un pays, à travers sa culture et son histoire, qui est donné à découvrir.
Le street-art chilien est le descendant du muralisme mexicain, dont des artistes tels Diego Riviera ou Alfaro Sequieros étaient les fers de lance. Mais c’est Mono Gonzalez qui en est le père fondateur. Défendant les idéaux du gouvernement Allende, il a participé activement à la campagne électorale de 1969 en couvrant les murs des villes, villages et routes de grandes peintures murales qui illustraient, en peu d’images et de paroles, les idées du programme de l’Union Populaire.
« Ces peintures servaient de propagande politique et permettaient de faire passer des messages auprès du peuple, souvent illettré, » raconte le graffeur français Nick Torgoff dont le travail est inspiré directement du street-art chilien.
Une culture urbaine
Mais Mono a aussi marqué son époque pour avoir été le premier à avoir créé une œuvre monumentale en deux ou trois heures à la peinture acrylique. « Il a rationalisé le street-art en intégrant la notion d’urgence dans l’esthétisme, souligne Nick Torgoff. Pour cela, il s’était entouré de petites mains. Les peintures se faisaient à plusieurs. »
Le graffiti, lui, n’a émergé au Chili qu’au début des années 90, à la fin de la dictature. Cekis en est l’un des pionniers, s’inspirant de la culture graffiti new yorkaise et des revendications sociales et politiques des muralistes chiliens des années 80. Son travail a ainsi contribué à lancer un mouvement artistique fort autour d’une nouvelle culture urbaine.
« Le graffiti chilien est doté d’une sensibilité bien à lui, car puisant dans ses propres références, détaille Nick Torgoff. Il se nourrit des problématiques locales, mais n’est plus subordonné comme jadis à un courant politique. » Ses visages latinos et ses couleurs vives, si typiques du style chilien, s’exportent aujourd’hui partout dans le monde.
(1) À 10 heures, visite guidée de l’exposition dédiée au street-art chilien. À 14 h 30, rencontre avec les artistes Cekis et Inti Castro.